Paris, 05.12.2018 Ceci est d´abord un compte-rendu des manifestations débordantes à Paris du dimanche dernier, dont les faits doivent être moins connus en Allemagne. L´objectif de l´article en allemand est de contredire l´opinion répandue outre-rhin que les gilets jaunes formeraient un rassemblement un peu anar mais de gauche. Or, ce qui doit surtout intéresser en Allemagne, c´est que ce mouvement populiste s´attaque aux mesures prises à fin d´améliorer l´empreinte écologique. Les thèmes verts y sont présents depuis les années 1970, c´est plus ou moins acquis qu´il faut économiser sur l´énergie et sur les ordures, c´est le consensus sociétal. C´est aussi plus facile de laisser la bagnole au garage, quand il y a des bus et des trains pour se rendre au travail, ce qui est encore le cas en Allemagne, aussi dans les régions rurales. Les mouvements populistes de droite allemands se focussent sur l´immigration, mais au fond les problèmes sont partout dûs à une grave crise de la démocratie.
Dans tous les pays, la politique d´austérité néolibérale coupant dans le système social et dans l´administration civile d´une part, et une brutalisation des discours politiques „d´en-bas“ aggravent encore cette crise. Celui qui décharge sa haine et sa colère dans les „réseaux sociaux“, prendra allègrement le train menant à Paris pour „bien y manifester son mécontement et frapper fort“. Internet donne l´illusion au citoyen qu´il pourrait faire quelque chose en-dehors des élections.
Je me réfère aussi à l´article d´Edgar Morin dans le Monde du 5 décembre. Il écrit que la force initiale du mouvement, „les colères unies contre le pouvoir“ … „est devenu un handicap au moment où il fallait annoncer sinon un programme du moins une orientation pour des réformes, et non des suppressions fiscales ou la démission du président.“ On l´a vu, il était déjà difficile de trouver une forme de représentation pour les négotiations avec le gouvernement.
Selon Edgar Morin, une politique nouvelle serait „orientée par la volonté de dépolluer non seulement les sources d´énergie, mais nos villes, nos sols, notre atmosphère, notre alimentation, nos vies, et qui prendrait le traitement du grand problème écologique mulitforme comme source de regénération.“
On le voit bien, les „gilets jaunes“ et leur protestation reste complètement dans le cadre de la société de consommation, à l´intérieur de notre système et son discours de croissance et de profit, où ils se sentent défavorisés et exclus. Ils ont sûrement raison, quand ils réclament le rétablissement de l´ISF et quand ils ressentent le mépris de classe à leur encontre. Mais pour quelqu´un qui met en question ce système et voudrait le changer, leur mouvement doit finir dans la frustration, aussi pour eux.