Le secret de Beckett/ Becketts Geheimnis

Paris, 20.02.2020  C´est un amour secret. Beckett, cet auteur iconique, l´a vécu pendant plus de 30 ans, à côté (et en deçà) de son mariage avec Suzanne Déchevaux-Dumesnil. A ce qu´il parait, il a mis ce triangle sur la scène, notamment dans la pièce Comédie …
En Angleterre, ces faits sur Beckett ont été divulgués au plus grand nombre par la publication, en 2014, de sa correspondance avec Barbara Bray, qui fut initialement la rédactrice de ses pièces-radio à la BBC dans les années 1950. [1]
J´y étais impliquée en Allemagne, en traduisant quelques-unes de ces lettres et une interview de Marek Kędzierski avec l´amie de Beckett, pour la publication dans la revue Lettre International.
Or, en France, la compagne de Beckett reste dans l´ombre, bien qu´elle ait vécu à Paris pendant de nombreuses années, jusqu´à peu de temps avant sa mort en 2010.
Dix-huit ans plus jeune que le dramaturge et mère de deux petites filles, Barbara Bray avait osé le saut, en les emmenant vivre à Paris en 1961. Elle devint une traductrice renommée et sollicitée. En même temps elle était une collaboratrice intime pour Beckett. Ils passaient le clair de leur temps ensemble dans la maison de campagne à Ussy. Barbara Bray le dit dans l´interview: „Nous nous entendions très très bien, sans aucune crispation … comme je savais que je ne pouvais pas être dans une posture traditionnelle, c´est à dire, le réclamer …“
Mais la mémoire des écrivains est parfois soumise au hasard d´épouses, soeurs et autres héritiers, ainsi que des gardiens du legs littéraire, comme les intellectuels et critiques qui s´en occupent avec des mono- et biographies. Barbara Bray était l´amoureuse de Beckett, les lettres témoignent de cet amour rehaussé par la littérature. Ils s´écrivaient quasi quotidiennement quelque 720 lettres, cartes postales et autres notes. Sam confiait ses affres d´écriture à Barbara et elle était à l´écoute.

C´est dans la rue Séguier du 6 ème arrondissement de Paris que Barbara a vécu. Sam y est venu, les voisins l´ont croisé et l´ont entendu jouer du piano. (Voir le documentaire Rue Samuel Beckett de Marek Kędzierski sur youtube).

[1] Samuel Beckett, Lettres III, (1957-1965), Trad. de l’anglais (Irlande) par Gérard Kahn. Édition de George Craig, Martha Dow Fehsenfeld, Dan Gunn et Lois More Overbeck, Collection Blanche, Gallimard, 812 p., 2016.

 

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