Les trois soeurs à l´Odéon

Paris, 01.12.2017  „Électrique, efficace, drôlement désespérée“ (le site du Théâtre). Le metteur en scène australien Simon Stone a complètement réécrit la pièce de Tchekhov, d´abord pour une version allemande au théâtre de Bâle (Suisse), en ce moment elle est jouée à l´Odéon de Paris (jusqu´au 22 décembre).

Stone le dit dans l´ interview du programme, Tchekhov utilise les conversations banales de tous les jours qui évitent les grandes questions de la vie et font passer le temps, pour cacher la déception des personnages sur la médiocrité de leur existence. Ils veulent partir à Moscou, puisque pour eux, la vie est toujours ailleurs. Ainsi, pour les quatre actes, Stone a choisi les moments de la fin d´une période où la nostalgie commence à se faire sentir.

Je vous fais une synopsis du début de la pièce de Tchekhov et de son adaptation pour montrer les actualisations, qui, à mon avis, sont heureuses.
Commençons par les personnages: Il y a les trois soeurs Olga, Macha, Irina, leur frère André et leurs amis, chez Tchekhov la plupart des hommes sont des militaires qui partent à la fin du drame, parce que leur unité est transférée en Pologne. La nouvelle pièce les représente comme des bourgeois, intellectuels: des profs, un médecin, un pilote, entre eux sont deux noirs, un homosexuel. Sans les titres et patronymes russes, ils gardent juste leurs prénoms (André, Nicolas, Théodore, Herbert, Victor, Roman, Alexandre).
I Acte: Vacances d´été en famille

On voit une maison de campagne dans un style contemporain, à deux étages. Chez Tchekhov, les personnages entrent un à un, chez Stone, tous les personnages (sauf Natacha et Alexandre), sont sur cette scène tournante. Par ses grandes baies vitrées on peut observer les couples dans les chambres, pendant que la villa tourne allègrement, les dialogues fusant de toute part, dans une ronde de phrases échangées.

Il est intéressant, que les deux piéces, celle de Tchékov et l´adapation de Stone, se retrouvent dans les remarques les plus banales, les lieux-communs, par exemple ce: „Bien sûr, ce sont des bêtises!“ qu´adréssent les hommes à Olga après son monologue du début. Chez Tchekhov elle évoque la mort du père et parle sans arrêt pendant qu´elle corrige des cahiers d´éleves. Dans l´adaptation, Olga, également prof, monologue sur les thèmes actuels, l´écologie, la violence, la guerre, les réfugiés.

On fête l´anniversaire de la mort du père et en même temps, celui d´Irina, chez Tchechov, ce sont ses 20 ans, chez Stone, ses 21 ans.
Ce qui fait rire dans la nouvelle version, c´est le décalage ironique avec les préoccupations des femmes de nos jours, quand Olga se plaint de vieillir à cause de son travail, elle dit chez Stone: „J´ai 38 ans“, et Herbert qui s´exclame: „Ah, je vous aurais donné 40, ou 42 …

Quand Natacha, l´amoureuse d´André, arrive, elle est critiquée par Olga pour les couleurs de sa robe qui jurent, chez Stone Natacha doute d´elle-même et demande aux autres de commenter sa tenue voyante, qui sied son caractère d´une jeune femme séduisante de provenance modeste.

Roman, un vieux médecin entiché d´Irina, apporte un gros cadeau; de nos jours, c´est une machine italienne à couper le jambon, avec un jambon entier – mais Irina est végane!

Dans un tête-à-tête, le petit ami de Irina, le jeune et riche Nicolas, lui fait une déclaration d´amour et une demande en mariage: chez Stone, les deux jouent à la Playstation dans la petite chambre d´en-haut pendant que André et Natacha, à côté, font l´amour

Macha, toujours habillée en noir, est attristée par la nostalgie de son enfance et par sa vie „maudite, insupportable“ aux côtés de Théodor, un professeur de province. Elle veut partir de la fête, mais reste, quand un nouvel homme arrive: Alexandre. La figure de Macha me semble la plus proche de Tchekhov, sauf que, de nos jours, l´adultère est consommé sur scène… Et Stone, comme Tchekhov, nous donne un moment très touchant, quand après la rupture avec l´amant, son mari, Théodore qui est ici joué par un noir (Jean-Baptiste Anoumon), la reprend avec grâce.

„A Moscou!“ s´écrient les soeurs, mais de nos jours, Irina va partir à Berlin, pour voir David Bowie et les autres artistes connus qu´on y croiserait tous les jours. Et ainsi, c´est la chanson „Heroes of one day“ de David Bowie, qui clôture le premier acte et exprime admirablement la vision de Stone, qu´il faudrait valoriser le présent, au lieu du passé nostalgique et d´un futur illusoire comme on le fait d´habitude dans nos sociétés.

Au deuxième acte, on nous montre l´arrivée des soeurs et de leur entourage pour fêter dans la maison, qui est maintenant habitée par André, Natacha et leur bébé – mais il n´a pas prévenu la famille.

Chez Tchekhov, André est instruit, il a des talents, parle trois langues, mais à son avis, ce sont „beaucoup de choses inutiles“. Il ne réussit pas et devient un joueur de plus en plus déclassé. Chez Stone il est ce jeune homme toujours drogué, joueur de poker sur internet, avec plein d´idées: „On devrait fêter Noel le 27, on économisera à cause des soldes“. Que de bonnes idées, comment il pourrait se sortir de son malaise économique! Par exemple une appli „google-street view historique“ où on pourrait choisir l´époque qu´on peut voir, mais, hélas, il faudrait des centaines de programmeurs pour réaliser ce projet …
Je ne veux pas vous gâcher la surprise de cette pièce rapide, stimulante et drôle en vous donnant toutes les pointes.
En somme, chez Tchechov l´agissement des personnes est parfois motivée plus précisément et d´une façon plus convaincante, il y a au moins l´allusion aux pensées plus profondes:
„Le sens, où est le sens … voilà, il neige.“
Chez Stone on ressent la banalisation de ces questions par les médias; mais cela pourrait être son intention!

Paris, 01.12.2017  „Hochspannend, durchschlagend, voll komischer Verzweiflung“ (Website des Theaters). Der australische Regisseur Simon Stone hat das Stück von Tschechov völlig umgeschrieben, es wurde 2016 schon in Basel aufgeführt, jetzt wird es am Odéon in Paris gespielt (bis 22. Dezember).

Wie Stone im Interview des Programmhefts erzählt, setzt Tschechov die banalen Alltagsgespräche in Szene, die um die großen Fragen des Lebens herumreden und nur die Zeit vertreiben, womit die Figuren ihre Enttäuschung über ihre mittelmäßige Existenz zudecken. Sie wollen nach Moskau, denn das Leben ist immer woanders. Stone hat für die vier Akte jeweils das Ende einer Periode gewählt, an dem schon Nostalgie aufkommt, denn damals wie heute leben die Menschen entweder in einer verklärten Vergangenheit oder streben in eine illusorische Zukunft, ohne die Gegenwart wertzuschätzen.
Ich gebe hier eine kleine Synopse vom Anfang des Stücks wieder, um die nach meiner Meinung geglückten Aktualisierungen zu zeigen.
Zunächst die Personen, da sind die drei Schwestern Olga, Macha, Irina, ihr Bruder André und deren Freunde, bei Tschechov zumeist Militärs, die sich am Ende an einen neuen Standort nach Polen verabschieden müssen. Im neuen Stück sind sie aus dem bürgerlichen gebildeten Mittelstand, Lehrer, ein Arzt, ein Pilot, zwei Schauspieler sind Schwarze, einer homosexuell. Ohne die Titel und russischen Patronyme tragen sie nur ihre Vornamen (André, Nicolas, Théodore, Herbert, Victor, Roman, Alexandre).

1. Akt: Das Ende der Sommerferien
Wir sehen ein Ferienhaus im modernen Stil mit zwei Stockwerken. Bei Tschechov treten die Personen eine nach der anderen auf, bei Stone befinden sich alle Figuren (außer Natacha und Alexandre)  schon auf der Drehbühne. Durch die großen Fenster kann man die Paare in den Zimmern beobachten, während das Haus sich munter dreht und die Gesprächsfetzen von allen Seiten kommen, wie in einem Reigen von Repliken.
Offenbar, und das ist interessant, sind die Verbindungspunkte zwischen den beiden Theaterstücken gerade die banalen Sätze, die Gemeinplätze, wie die Bemerkung:„Das ist alles Unsinn!“, welche die Männer Olga nach ihrem Monolog zu Beginn hinwerfen. Bei Tschechov spricht sie über den Tod des Vaters und die Trauer, während sie ununterbrochen die Hefte ihrer Schülerinnen korrigiert. Im neuen Stück ist Olga ebenfalls Lehrerin, aber sie redet über die aktuellen Themen, Umweltsünden, Gewalt, Krieg, Flüchtlinge.
Es ist der Todestag des Vaters, man feiert aber auch den Geburtstag von Irina, bei Tschechov wird sie 20, bei Stone 21 Jahre alt.
Gelacht wird vor allem über die ironische Brechung der Frauensorgen von heute. Wenn Olga sich etwa darüber beklagt, dass sie wegen ihrer Arbeit früh altert, sagt sie bei Stone: „Ich bin 38“, wozu Herbert ausruft: „Wirklich? Ich hätte Sie auf 40 geschätzt, oder 42 …“
Als Natacha, die neue Flamme von André, eintrifft, wird sie von Olga kritisiert, weil die Farben ihres Kleides nicht zusammenpassen. Bei Stone hat Natacha Selbstzweifel und die anderen sollen ihre auffällige Aufmachung beurteilen, welche ihrer Figur, einer jungen attraktiven Frau aus dem einfachen Volk, entspricht.
Roman, ein älterer Arzt und Anbeter Irinas, bringt ein teures Geschenk; heute ist das eine große italienische Maschine zum Schneiden von Schinken nebst einem ganzen Schinken: aber Irina ist Veganerin!
Irinas Jugendfreund Nicolas macht ihr im Zweiergespräch einen Heiratsantrag. Bei Stone spielen die beiden Playstation in dem kleinen oberen Zimmer, während nebenan André und Natacha miteinander schlafen.
Macha, die stets Schwarz trägt, trauert ihrer Kindheit nach und klagt über ihr „verfluchtes, unerträgliches“ Leben an der Seite von Théodore, einem Lehrer in der Provinz. Sie will die Feier verlassen, bleibt aber, nachdem in Alexandre ein neuer Mann eintrifft. Diese Figur erscheint mir Tschechov am nächsten zu bleiben, nur dass heute der Ehebruch auf der Bühne stattfindet … Und Stone schenkt uns, genau wie Tschechov, einen anrührenden Moment, als der Ehemann, der hier von einem Schwarzen (Jean-Baptiste Anoumon) gespielt wird, nach dem Bruch mit dem Liebhaber Macha wieder liebevoll aufnimmt.
„Nach Moskau!“, rufen die Schwestern, aber heutzutage will Irina nach Berlin, um David Bowie und all die anderen berühmten Künstler zu treffen, die einem dort ständig über den Weg laufen. Daher beschließt auch der Song „Heroes of one day“ von David Bowie den ersten Akt, das passt ausgezeichnet zu Stones Intention, der Gegenwart den Vorzug zu geben.

Der zweite Akt beginnt mit der Ankunft der Schwestern und ihrer Freunde, die Weihnachten im Ferienhaus feiern wollen, das inzwischen von André, Natacha und ihrem Baby bewohnt ist, ohne dass der Bruder die anderen davon informiert hätte.
Bei Tschechov ist André ein gebildeter junger Mann, der Geige spielt und drei Sprachen spricht, was nach seiner Ansicht „lauter unnütze Dinge sind.“ Er bringt es zu nichts, wird zum Spieler und steigt immer weiter ab. Bei Stone ist er einer dieser jungen Männer stets unter Droge, der im Internet mit Poker Geld verliert und viele gute Ideen hat: „Wir sollten Weihnachten auf den 27. verlegen, dann könnten wir mit dem Ausverkauf viel Geld sparen.“ Die Ideen sollen vor allem dazu dienen, ihn aus seiner finanziellen Misere herauszuholen, etwa mit einer App „Google historische Streetview“, bei der man die Epoche wählen kann, die man sehen möchte, aber leider bräuchte man zu viele Programmierer, um dieses Projekt zu realisieren.
Doch will ich Ihnen nicht die Überraschungen in diesem rasanten, anregenden und witzigen Stück vorwegnehmen.
Insgesamt scheinen die Handlungen der Figuren bei Tschechov minunter genauer motiviert und einleuchtender. Dort kommt immerhin manchmal eine tieferliegende Frage auf:
„Was hat das alles für einen Sinn? Ach ja, es schneit.“
Bei Stone wird die Banalisierung deutlich, die solche Fragen durch die Mediatisierung erfahren – aber auch das ist vielleicht seine Intention.

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